Les écossais de DVNE et leur post metal/stoner/sludge sortent leur troisième album Etemen Ænka ce 19 mars sur Metal Blade et c'est un opus d'une créativité et d'une solidité hallucinantes.
Ce jeune groupe talentueux a de beaux jours devant lui et ce disque va sans doute les propulser aux devants de la scène.
Le groupe
DVNE est une formation composée de cinq membres, originaire d'Edimbourg et qui a vu le jour en 2013. Ils ont sorti deux albums avant celui-ci : Progenitor en 2014 et Asheran en 2017, ce dernier les a popularisé et a reçu énormément de critiques positives de la part de la presse spécialisée.
Le nom du groupe fait référence à l’œuvre de science-fiction écrite par Frank Herbert, dont les musiciens sont de fervents amateurs et qui avouent encore à l'heure actuelle, y puiser une bonne partie de leur inspiration, surtout au niveau des paroles. Le livre a déjà eu deux adaptations cinématographiques dont la deuxième réalisée par le québécois Denis Villeneuve devrait sortir au cinéma en octobre.
En Europe et au Royaume-Uni, DVNE s'est rapidement fait un nom sur la scène metal, en jouant, entre autres, aux côtés de pointures comme Eyehategod, Crowbar ou encore Dragged Into Sunlight. Ils se sont également produits aux prestigieux festivals suivants : Psycho Las Vegas, DesertFest de Londres et à l'Inferno Festival en Norvège.
L'identité musicale des écossais est un mélange entre plusieurs styles musicaux variés comme le post-metal, le rock progressif, le doom et le sludge. La variation des émotions avec un chant tantôt clair et tantôt bourré d'agressivité est leur signature et l'auditeur est plongé dans un voyage musical unique dont il ne ressort pas vraiment indemne.
Crédit photo : Calum McMillan
De gauche à droite : Greg Armstrong (basse), Evelyn May (claviers), Victor Vicart (chant et guitare) , Daniel Barter (chant et guitare) et Dudley Tait (batterie)
L'album
Pochette réalisée par Marald Art
Etemen Ænka est composé de dix titres pour une durée d'une heure et sept minutes. Rien n'est laissé au hasard dans les compositions toutes aussi puissantes et mélodiques les unes que les autres.
Entre riffs de guitares qui sonnent comme une tonne de briques, une batterie à la fois technique et assommante et les deux chants (et le troisième sur certains titres) qui se marient parfaitement à tous les arrangements, ce disque est un pur chef d’œuvre.
Tout comme pour l'enregistrement du précédent album Asheran le producteur Graeme Young a collaboré avec le groupe dans son studio Chamber à Édimbourg. Selon Victor Vicart, il agit comme un membre bonus de la formation et les pousse à faire les choses encore mieux et à se dépasser.
Au niveau de la pochette, elle a été réalisée par Marald Art, qui a déjà travaillé avec Kvelertak ou Baroness.
Il y a une invitée sur le disque, Lissa Robertson, qui pose sa voix dans la narration et le chant sur Omega Severer, Asphodel et Weighing Of The Heart. Sa contribution à l'enregistrement ajoute un côté épique et féerique à l’œuvre.
Le radar analytique et intense d'Eddy
1.Enûma Eliš : la pièce d'ouverture a un rythme assez énergique et est un excellent choix pour commencer ce disque. Le côté mélodique est bien présent et ça va vite, très vite ! Il y a un subtil équilibre entre douceur mélancolique et gros riffs musclés. A la fin du morceau, on redescend en intensité pour partir de plus belle vers la suite. Les paroles font référence au mythe babylonien de la création et également à l'épopée de Gilgamesh, récit épique de la Mésopotamie.
J'aime beaucoup le côté post metal et l'ambiance à tendance space rock de ce titre.
2.Towers : le chant brutal associé aux sonorités électroniques futuristes, nous envoie vers un monde inconnu mais terriblement agréable, où, pendant neuf minutes, la variation d'émotions est toujours au rendez-vous. La présence de chœurs dans le chant ajoute un côté épique à l’œuvre. Petit coup de cœur pour le synthé dont le mariage avec les notes de guitare offre une symbiose unique et magique. Les paroles sont inspirées des livres Terminal World d'Alastair Reynolds et Altered Carbon de Richard K. Morgan. Une vidéo live a été tournée pour le morceau :
3.Court Of The Matriarch : approche plus ambiante avec un côté spatial hypnotique et des nuances et changements de tempos assez présents. Un des moments forts de cet opus avec cette pièce qui groove solide !
4.Weighing Of The Earth : cette interlude a été composées à la fin du processus d'écriture. Le côté futuriste et science-fiction obscure prennent tout leurs sens ici.
5.Omega Severer : initialement sorti sous forme d'EP en novembre dernier avec le titre Of Blade And Carapace.
Omega Severer est complet, complexe et teinté de nuances et de textures variées. L'étendue du talent du groupe est exposé de façon claire ici : c'est rageur, mélancolique, il y a des breaks plus calmes pour repartir ensuite de plus belle. La voix de Lissa Robertson ajoute un côté obscur et fascinant à l’œuvre. Le solo de guitare à 4:04 coule comme le fleuve Nil en Égypte.
A partir de 5:50, la quiétude refait surface avec les deux guitares accompagnées de délicats roulements de tomes de batterie. A 7:18, le chant destructeur reprend sa place avec son riff de guitare apathique mais qui rentre au corps.
On plonge dans les profondeurs abyssales de la mélancolie.
6.Adræden : interlude digne de la trame sonore de Stranger Things qui prépare au chaos du morceau suivant.
7.Sì-XIV : sorti comme premier single, c'est une des pièces maîtresses de ce disque, c'est la composition la plus épique et forte à mes yeux. A partir de 3:09 jusqu'à la fin c'est juste du bonheur pour les oreilles. A écouter au volume maximum.
8.Mleccha : encore un grand moment, le chant y est ici carrément céleste et nous transporte dans un monde transcendant, pour ensuite être contrasté par le chant fâché ! Les lignes de basse sont jouées plus fortes que sur le reste de l'album. Mleccha est une des compositions qui rend l'album plus facile d'écoute avec ses mélodies catchy et ses allures de jam diabolique.
9.Asphodel : la douce voix de Lissa Robertson apaise les tensions précédentes avec son côté salutaire et apaisant pour cet interlude. Beauté poétique incontestable.
10.Satuya : onze minutes intenses pour cette pièce qui est ma favorite de l'album. La montée en puissance et en agressivité est parfaitement contrôlée. La distorsion de guitare colle parfaitement avec l'ambiance recherchée. Satuya vient finir l'album de la plus belle des façons.
A ne pas manquer
-Enûma Eliš
-Towers
-Court Of The Matriarch
-Omega Severer
-Sì-XIV
-Satuya
Bref...
Etemen Ænka est un véritable trésor musical et il va être assez difficile de l'égaler en matière de qualité pour ce premier trimestre 2021.
On plonge avec plaisir dans leur univers musical riche et varié.
Le groupe manie les textures et les contrastes avec génie pour cet album qu'on peut qualifier de concept. Le chant plus mainstream associé au chant extrême et à la voix féminine sur certaines pièces est une plus-value non négligeable qui apporte beaucoup à la qualité de cet opus.
J'ai beaucoup aimé le fait qu'il y ait trois interludes pour séparer l’œuvre en plusieurs parties distinctes et calmer un peu le jeu!
Leurs nombreuses références dans les paroles aux récits de science-fiction et aux mythes et légendes prouve les efforts et la recherche dans leur musique et qu'ils sont très inspirés.
L'album est dense et comporte plusieurs couches, donc pour l'apprécier à sa juste valeur, il nécessite plusieurs écoutes !
-Genre : Post Metal/Sludge/Stoner
-Note : 82/100
-Maisons de disque : Metal Blade
-Pour écouter l'album :
Je viens de découvrir le blog via cette chronique que je partage complètement. Album très riche, sans aller dans l'excès, vivement le nouvel album cette année, je vais avoir la chance de les revoir 3 fois en concert en mai et en août, déjà vu 2 fois, vraiment un groupe qui va décoller cette année j'espère car beaucoup de talent