Fuudge avec deux "u", retenez bien le nom de cette formation montréalaise qui se fait un nom sur la scène psychédélique de la Belle Province depuis quelques années. La preuve en est, avec la sortie de leur troisième album "...qu'un cauchemar devienne si vrai". Simple et magistralement efficace. "Rock lourd, francophone, inspiré du grunge, du stoner, du noise et de la musique psychédélique. Entre autres". C'est ainsi qu'ils décrivent leur univers musical sur leurs réseaux sociaux, et c'est exactement dans ce registre que l'on plonge lors de l'écoute de ce petit bijou auditif.
Le groupe
Source : photo prise par Sébastien Dion lors du FEQ 2023
De gauche à droite : Pierre Alexandre,Olivier Laroche, Vincent Laboissonnière et David Bujold
Fuudge a vu le jour en 2016, à Montréal, et le projet est articulé autour du parolier et multi-instrumentaliste David Bujold. Les deux premiers EP, "EP" et "Man!",dans lesquels les inspirations de Pink Floyd se font ressentir, sortent successivement en 2016 et 2017, sous ce merveilleux format qu'est le vinyle.
"Les Matricides", le premier album complet, sort en 2018 et exploite les sonorités plus stoner, avec le côté lourd et fuzzé qui est la marque de fabrique du quatuor. "Fruit-Dieu", leur deuxième opus qui voit le jour en 2020, a surpris tout le monde avec son côté plus mélodique, mais toujours dans l'esprit psychédélique, avec des inspirations typiquement années soixante-dix.
Grunge, stoner, rock psychédélique, noise rock, punk,... autant de styles musicaux que David s'amuse à sublimer avec son génie créatif sans fin. En effet, il joue la majorité des instruments sur les enregistrements, mais est accompagné des mêmes musiciens depuis 2016, à savoir : Pierre Alexandre, Olivier Laroche et Vincent Laboissonnière.
L'album
Pochette réalisée par David Bujold, "Les Larves".
"...qu'un cauchemar devienne si vrai" est sorti le 19 mai 2023 sur le label Folivora Records. Contrairement à ses deux prédecesseurs, enregistrés dans la chambre de l'appartement de David, il a été confectionné dans les studios de Ben Bouchard (Galaxie, Les Hay Babies, Dany Placard). Le mastering a été confié à Marc-Olivier Germain pour le Lab Mastering et le mixage par Ryan Battistuzzi. Avec toujours David comme chef d'orchestre et tête pensante de ce merveilleux projet, bien évidemment.
L'album comporte des riffs de guitare stoner assez lourds et un côté grunge qui va vous rappeller des morceaux de Nirvana.
Lors d'une entrevue pour un journal bien connu de Québec, David a comparé cet album à une forme d’auto-thérapie contre l’anxiété de plus en plus présente dans notre société, surtout depuis la fameuse pandémie. Le fait de crier sur la majorité des chansons de l’album a été libérateur pour lui. Et ses cris sont tellement communicatifs et furieusement efficaces que l'auditeur embarque directement dans l'expérience proposée sur cette délicieuse galette.
Les thème abordés sont donc l'anxiété, la fragilité de la vie, la destruction et les sensations intenses. Des défis émotionnels auxquels nous devons faire face, à un moment donné, dans nos vies quotidiennes.
Le radar analytique et intense d'Eddy
1.Jusque dans la tombe : la pièce commence avec un bourdonnement et des effets électroniques psychés avant de tomber dans le coeur du sujet : une guitare fuzzée à bloc qui va régaler les amateurs du genre. Les paroles traitent de la confiance en soi et de l'image qu'on a de soi dans un miroir.
2.Ta yeule, toute va ben : cette phrase pourrait être mon leitmotiv! Elle nous amène à prendre conscience qu'on chiale la bouche pleine et que la tendance à être pessimiste peut facilement prendre le dessus sur nos émotions. N’oublions pas que nous sommes privilégiés et qu’il y a bien pire que nous… À ne jamais oublier ! Kurt aurait trippé de voir que son héritage musical a inspiré des chansons en français. Le cri est un défouloir sans limite qui prend ici tout son sens. Vidéoclip à voir plus bas!
3. J'aimerais ben ça aimer ça (mais j'aime pas ça) : l’une des meilleures compositions de l'album. Instantanément, sa mélodie nous reste en tête. J'interprète les paroles comme étant une ôde à l'hypocrysie, au fait que ce n’est pas parce que tout le monde aime quelque chose que, forcément, nous sommes obligés de faire pareil pour rentrer dans le moule des goûts populaires. Et du politiquement correct au final. Cette pièce est fascinante et elle fait énormément de bien aux oreilles et à l'âme. Le vidéoclip avec les gros plans et les sourires malaisants des musiciens est à voir absolument.
4.On aime les Saints : véritable coup de coeur pour le vidéoclip. Le visuel est hallucinant ; sale et malaisant à souhait ! La composition la plus lourde de l'album, à écouter à s'éclater les tympas tellement c'est bon. Le titre est bien sur un clin d'oeil à l'omniprésence et le pouvoir de l'Eglise dans la société québecoise, jadis. Et à l'anatomie féminine, je suppose.
5. ...qu'un cauchemar devienne si vrai : le chant céleste et envoûtant est l'introduction parfaite à ce qui suit : du stoner gras et divinement rythmé. Une mention particulière pour la batterie et les roulements de tome parfaitement exécutés avec la montée en puissance qui nous mène jusqu'au solo de guitare qui pourrait faire pâlir les membres du Big Four.
6.T'arracher l'coeur : balade mélancolique avec ambiance planante au menu. Les Beatles dans leur période psychédélique ne sont pas très loin.
7.Sans fermer les yeux : rock mélodique et musclé avec un court solo de guitare endiablé. La voix de David colle parfaitement avec ce genre de compositions courtes et intenses.
8.Heureux sont les niais : ambiance grunge et noise rock avec un chant très agressif. David vomit sa haine et ses trippes ! "Je veux plus jamais rien savoir" est dans ma tête depuis plusieurs jours! Le solo de guitare est dans la veine d'un bon vieux Kyuss ou Queens Of The Stone Age. La batterie est sauvagement garage rock.
9.Pardon mononc' : grunge années 90 où la section rythmique est succulente et où le côté pesant prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que la toune évolue. Une belle envolée dans les derniers instants avec les effets de claviers aériens.
10.Pas besoin d'un assasin : plus courte composition du disque, brutale et sauvage, qui part dans tous les sens, et c'est réussi!
11.Efface ta mort : la flûte ajoute une touche de rock folklorique avec du fuzz bien présent pour ce dernier morceau, toujours dans la grosse qualité!
Les informations inutiles d'Eddy
-Les membres de Fuudge viennent des quatre coins de la province : David est originaire de Montréal, Olivier de Québec, P-A de Saint-Jean-Sur-Richelieu et Vincent de Gaspé.
-J'ai eu la chance de les voir au Festival d'Eté de Québec la semaine dernière. Le son, la mise en scène et le choix des morceaux... Ils ont livré un spectacle exceptionnel sur la scène Loto Québec, située au Parc de la Francophonie. Un grand moment qui m'a fait apprécier le groupe encore plus qu'avant, car c'était la première fois que j'assistais à l’une de leurs prestations.
-A la manière du Mtv Unplugged de Nirvana, ils ont sorti un album accoustique enregistré au Grand Théâtre de Québec en 2021 sous le nom de "Déplogué au Grand Théâtre de Québec".
-Un enregistrement filmé à la salle L'Anti Bar en novembre 2019 est disponible sur Youtube :
-J'ai acheté le vinyle en version limitée or chez mon disquaire local, le Knock-out. Si vous voulez vous le procurer, il est disponible sur le BandCamp du groupe, lors de spectacles ou encore en ligne chez pas mal de disquaires québécois ! Supportez cette belle scène locale talentueuse.
Bref...
Fuddge a sorti selon moi son meilleur album. Les différents styles sont abilement maitrisés et on passe un agréable moment. Etant un anxieux dans la vie, je me suis identifié à pas mal d'émotions et les textes m'ont parlé. Ce disque a aussi été une espèce de thérapie pour moi.
-Style : Stoner/Grunge/Rock Franco/Noise Rock/Rock Psychédélique
-Label : Folivora Records
-Pour fans de : stoner, grunge, garage rock, noise rock, toutes les offrandes à saveur de gros fuzz,...
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