Le trio norvégien Magmakammer vient de sortir ce 26 juillet Before I Burn, cinq ans après sa première offrande, Mindtripper. Un disque qui a retenu toute mon attention dès la première écoute tellement j'ai été transporté par leur identité musicale unique. Retour sur cette petite merveille de garage doom psychédélique.
Le groupe
Source : BandCamp
De gauche à droite : Stian Solberg, Lasse Roed et Ulrik Jacobsen
Magmakammer a vu le jour en 2015 à Oslo et est composé de Stian Solberg à la basse, de Lasse Roed à la batterie et de Ulrik Jacobsen à la guitare, au chant et aux claviers (sur quelques morceaux seulement).
Les musiciens ont grandi ensemble autour de la même scène musicale de Kolbot,/Tarnasen qui est le berceau du black metal norvégien. Adolescents, les trois amis ont joué dans plusieurs formations du genre, ensemble et avec d'autres membres de la scène locale.
La vie passe et chacun se concentre sur son travail, ses études, les voyages, etc...et la musique s'éloigne un peu du décor. Bien qu'ils aient toujours évoqué le fait de reformer un groupe ensemble un jour, ce n'est que trois ans après en avoir parlé plus sérieusement que les trois musiciens se réunissent enfin pour faire une jam session. Après tout ce temps sans jouer, ils ont ressenti le besoin de réapprendre chacun leur instrument respectif. Ulrik composa trois morceaux qui furent la base du groupe et qui se retrouva sur un EP intitulé sobrement Magmakammer. Cet EP sorti en 2015 et que l'on peut retrouver sur leur BandCamp est un doom sombre et oppressant, finalement pas si loin du black metal de leur jeunesse. Ces trois pistes n'ont finalement jamais été jouées en live et ils ont rapidement commencé à écrire pour ce qui deviendra leur premier album, Mindtripper sorti en 2018.
Les influences des trois membres sont assez variées : Electric Wizard, Tame Impala, Uncle Acid & The Deadbeats, Led Zeppelin, Sleep. Ulrik m'a mentionné que les Beatles a toujours été une grosse influence pour lui également. Inutile de mentionner que Black Sabbath a évidemment été une grande inspiration pour le trio.
L'album
Pochette réalisée par Stian et Ulrik
Before I Burn contient huit compostions originales pour une durée de 44 minutes. La pochette a été réalisée par Stian et Ulrik. Ce disque a pris pratiquement cinq ans avant de voir le jour car les musiciens ont commencé à l'écrire juste après avoir envoyé Mindtripper au pressage vinyle. La plupart des morceaux n'étaient pas complétement terminé jusqu'à l'an dernier. Le processus artistique a pratiquement été entiérement réalisé par le groupe, c'est à dire l'enregistrement, l'écriture des chansons, le mixage, le visuel et la production. Seul le mastering a été confié à une personne extérieure, en la personne de Tony Reed de Mos Generator. Comme Magmakammer est un projet à temps partiel à côté du travail et de la vie familiale de chaque membre, cela a pris pas mal de temps avant d'être officiellement achevé. Bien que ce disque fut un travail de longue haleine, Ulrik trouve que l'attente en valait la peine car ils sont pleinement satisfaits du résultat final.
Au niveau de l'enregistrement, la batterie, la basse et la guitare ont été captés dans le sous-sol d'un vieux batiment dans le centre-ville d'Oslo. Les "overdubs" pour la guitare, la voix et les claviers ont eux été enregistrés dans différents endroits dans la capitale danoise.
Before I Burn est une sorte d'ode à ce qu'Ulrik considère comme des films d'horreur classiques modernes : The Witch, Hereditary, Midsommar ou encore la série Twin Peaks. Au niveau des paroles, l'album est basé sur ces oeuvres qui ont été une belle source d'inspiration pour l'écriture. Il y a également des sous-entendus politiques subtilement cachés par ici et par là mais Ulrik n'est pas certain que les gens vont les trouver...
Comparé à Mindtripper, Before I Burn est plus lisse, plus travaillé car les mélodies et les riffs sont plus accrocheurs. Même si je ne suis pas un grand fan de cette expression, on peut dire que c'est l'album de la maturité, ou en tout cas je l'espère, de la consécration!
Au niveau des inspirations pour ce disque, les artistes sont plutôt variés car on peut citer Neil Young, RATT, Tears For Fears ou encore Darkthrone. Une belle palette d'éclectisme !
Ce qui frappe dès la première écoute de cet opus, c'est la similitude avec le son du groupe anglais Uncle Acid & The Deadbeats. La nonchalance dans le chant, les riffs de guitare bluesy/doomy et la particularité d'avoir une signature sonore d'une autre époque (années 70) sont les éléments communs entre ces deux formations.
Le radar analytique et intense d'Eddy
1.Doom Jive : composition avec un tempo lent qui crée un sentiment de confort et une sensation de psychédélisme apaisante. La guitare a des tonalités bluesy, ce qui renforce le côté chaud et enveloppant de l'oeuvre. Un groove infernal pour ouvrir ce disque de façon magistrale. La voix envoûtante est définitivement dans le même registre que celle de Kevin K.R Starrs alias Uncle Acid.
A 5:00 nous avons le droit à une belle montée en puissance avec la basse groovy et les cymbales martelantes pour clôturer la pièce sur un sans faute!
Le vidéoclip a été co-réalisé par le batteur Lasse Roed qui travaille dans le monde du cinéma.
2.Cyanide Fever : toujours dans un tempo lent, cette pièce a une force tranquille déconcertante grâce à la ferocité des riffs lents et lourds, caractéristique importante de la musique doom. A 3:25, place à une accalmie avant de repartir dans la rondeur des riffs satisfaisants. A 5:20, il y a un solo de guitare slow tempo assez mélodique qui suit parfaitement la composition qui coule comme un long fleuve tranquille pour aller jusqu'à la dernière note du morceau.
3.Before I Burn : composition grandement inspirée par les ballades de Neil Young selon Ulrik. Les claviers, plutôt discrets, viennent ajouter une texture légère tandis que le solo de guitare à partir de 5:18 donne une ambiance psychédélique planante à souhaits.
4.Zimbardo : l'effet de la voix donne l'illusion à l'auditeur d'entendre Ozzy Obourne. J'aime particulièrement le court solo de guitare à 2:30 qui est groovy et qui met instantanément de bonne humeur!
5.Princess Of The Peaks : ballade mélancolique qui, même si elle est loin d'être mauvaise, m'a un peu moins marqué.
6.Cult Of Misanthropy : mon morceau préféré! L'introduction commence en douceur et monte tranquillement en intensité jusqu'au moment où la piste atteint sa vitesse de croisière. On peut palper l'ambiance de films d'horreur avec un côté légèrement terrifiant. A 4:39, c'est mon passage préféré de l'album avec ce riff efficace et plaisant. Encore une fois, c'est la lenteur et surtout la force tranquille qui sont venus me chercher.
7.Apocalypse Babes : les fans de Kadavar vont trouver leur compte dans cette pièce qui suit le fil conducteur général de l'album au niveau de l'ambiance et des sonorités.
8.I Will Guide Your Hands : on termine cet opus dans la mélancolie avec ce morceau qui m'a fait penser à l'album d'Eldovar, collaboration entre Elder et Kadavar. La voix y est douce et céleste et cette pièce sonne comme un adieu solennel pour boucler la boucle de façon poétique, sans basse ni batterie mais avec des effets électroniques dans les notes finales.
Les informations inutiles d'Eddy
-Magmakammer veut dire la chambre magmatique en danois, c'est à dire, dans la litosphère, une zone souterraine de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres cubes en moyenne, qui contient du magma plus ou moins chaud.
-Deux singles ont vu le jour avant la sortie du disque : Apocalypse Nanes en octobre et Cyanide Fever en novembre 2023.
-Je tiens à remercier Ulrik pour toutes les informations car en ligne c'est plutôt difficile voir impossible de trouver du contenu biographique sur le groupe.
Bref...
Du fuzz old-school maitrisé à la perfection, une production impeccable et des mélodies qui restent dans la tête, voilà ce qui vous attend pour ce petit joyau du genre. Bonne écoute!
-Genre : Garage Doom Psychédélique
-Date de sortie : 26 juillet
-Pour fans de : Uncle Acid & The Deadbeats, Kadavar,Salem's Pot, Moon Coven, Mephistofeles, Black Sabbath, Eldovar
-Maison de disques : Kozmik Artifactz
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