Naxatras- V
- Eddy
- 28 févr.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mars
Naxatras a sorti son cinquième album intitulé sobrement "V" ce 21 février, sur son propre label. Retour sur cette prodigieuse offrande qui ne va pas décevoir les mélomanes qui ont apprécié les sorties précédentes du groupe. Du rock psychédélique au space-rock en passant par le rock progressif des années 70 mais aussi une mutlitude de styles métissés avec une homogénéité déroutante, voilà ce qui vous attend...
Le groupe
Source : Presskit
De gauche à droite : John Delias (guitare/chant), John Vagenas (basse/chant), Kostas Charizanis (batterie/percussions) et Pantelis Kargas (claviers/synthétiseurs).
Naxatras est un quatuor fondé en 2012 à Thessalonique, ville portuaire grecque riche en histoire. Leur musique est considérée comme du "hard psychedelic rock" et vient piocher des éléments dans plusieurs genres musicaux pour aller y chercher le meilleur et créer une musique complète et homogéne. Dans cette palette de genres musicaux exploités, on peut notamment y trouver du rock progressif des années 70, de la musique électronique mais aussi des éléments de musique turque/grecque. Les musiciens jouent un rock psychédélique/space-rock truffé de groove, de mélodies chaudes et enveloppantes, de riffs étourdissants et de solos de guitares captivants. La musique de Naxatras fait autant de bien aux oreilles qu'à l'âme car leur son est relaxant et hypnotisant avec toujours cette belle énergie positive qui fait vivre à l'auditeur un voyage musical unique.
Le premier album éponyme, sorti en 2015, a défini les bases de l'identité musicale du quatuor. L'unanimité des critiques positives leur donna une visibilité sur la scène psyché et surtout une belle porte d'entrée pour se produire partout en Europe et même en Australie. Ce premier enregistrement a nécessité uniquement du matériel analogue pour l'enregistrement, le mastering et le mixage et les compositions ont été enregistrées "live"en une journée ce qui donne un aspect plus "jam" à l'oeuvre! D'ailleurs les disques suivants ont évolué ; ce côté "jam" est légèrement moins présent et les composotions partent dans des directions plus concrétes et structurées. Mais la constance dans la qualité d'écriture et bien présente et persiste d'albums en albums car l'ensemble de leur discographie est un sans faute dans lequel je vous conseille de plonger les yeux fermés. Naxatras est composé de John Delias à la guitare et au chant, John Vagelas à la basse et au chant, Kostas Charizanis à la batterie et aux percussions et Pantelis Kargas aux claviers et synthétiseurs.
L'album

Pochette réalisée par Christopher Toumazatos alias Chris RW.
V est sorti le 21 février et comporte huit compositions originales pour une durée de 43 minutes. Il est le digne successeur de IV (2022), III (2018) , II (2016) et Naxatras (2015).
La pochette a été réalisée par l'artiste Chris RW qui a déjà travaillé auparavant avec le groupe. Elle a un côté space-rock très intense qui n'est pas sans rappeler certaines pochettes du groupe Hawkind, où musicalement nous ne sommes pas très loin avec ce space-rock métissé avec du rock psychédélique.
Le disque au complet est mémorable, et, du début à la fin, l'auditeur est transporté dans ce voyage cosmique, sans jamais aucun temps mort ni longueur.
Le son de Naxatras se paufine et évolue de sortie en sortie et, sur V, ce sont des éléments de musique électronique et de "world music" qui sont exploitées. Quand je dis "world music", je fais référence aux sonorités orientales qui sont mis en avant dans plusieurs pièces et qui donnent une dimension encore plus colorée à l'ensemble de l'oeuvre. Ces sonorités orientales sont variées : grecques, turques, indiennes et même égyptiennes. Elles me font souvent penser à la musique de la formation Altin Gün que j'apprécie énormément. Tandis que pour le côté électronique, c'est plus précisément du "synth-rock" car les claviers ont tendance à nous ramener dans les années 80. Le résultat est furieusement épique! J'y ai retrouvé un peu le même son de synthés que l'on retrouve dans la musique des suédois d'Hällas ou dans le générique de la série Stranger Things. Ce son propre aux années 80 a refait surface ces vingt dernières années et il y a un engouement pour cette décennie à la fois kitch mais au même titre attachante et fascinante.
L'enregistrement a été réalisé par Nik Logiotatidis au Polytropon Recording Studio à Kalamaria et mixé par Alex Bolpasis au Studio Suono à Athènes. Le travail de mastering à quant à lui état confié à Nick Townsend à Infrasonic Sound, Los Angeles. Ce dernier a déjà collaboré sur 2000 vinyles, notamment avec Iron Maiden, Weezer, Garbage, Bad Religion ou encore Cheap Trick.
Le radar analytique et intense d'Eddy
1.Celestial Gaze : c'est avec une introduction intrigante et relaxante que débute le disque. Le riff de guitare a des parfums de post-rock et les synthés mettent la table directement pour l'ambiance années 80. J'aime le côté apaisant de cette pièce et la voix a sa part de responsabilité : elle semble provenir d'une galaxie lointaine, mais tellement agréable. A 3:54, nous avons le droit à un solo de guitare Gilmourien, court mais agréable, qui vient clôturer le morceau.
2.Spacekeeper : introduction des plus futuristes digne d'un voyage à bord d'un vaisseau spatial! Ensuite la guitare embarque, avec en fond, cet effet électronique qui sonne comme une alarme vrombissante. De nombreux effets électroniques modernes viennent chatouiller nos tympans pour notre plus grand plaisir. Une musique orientale prend place avec les claviers aux allures de désert brûlant et de charmeurs de serpents. La flûte vient renforcer cette ambiance envoûtante. Les percussions et la basse s'ajoutent à tous ces éléments pour créer une expérience unique jusqu'à la toute dernière note.
3.Numenia : Numenia est une de mes compositions préférées et celle sur laquelle j'ai directement eu un coup de coeur. C'est un vers d'oreille par excellence. Le chant me fait penser à du Dschinghis Khan ; c'est le côté strict et hypnotique, ce qui donne une impression militaire voire même à la limite du chant communiste ex-URSS! A plusieurs reprises j'ai pensé à cette chorégraphie atroce et aux costumes kitchissimes de cet ovni musical! La grosse basse qui vient donner de la texture et de la consistance au morceau est venue me chercher directement. A 3:03, il y a une séquence de plus en plus rapide oû s'enchaînent riff et solo de guitare avec les percussions et le tempo qui deviennent endiablés. Le tout toujours accompagné de cette signature orientale tellement indispensable à la qualité et à l'identité du disque.
4.Utopian Structures : pièce instrumentale qui vient couper l'album en deux. De l'électronique cosmique trippante avec des similitudes avec le son de Daft Punk. Du synth-rock à l'état sauvage avec quelques belles envolées modernistes.
5.Breathing Fire : le chant m'a directement fait penser au chant de Stu de King Gizzard & The Lizard Wizard sur l'album PetroDragonic Apocalypse, en moins agressif bien sur! Il résonne comme une incantation voodoo céleste et intriguante, sur un fond limite menaçant.
6.Legion : la musique électronique, limite techno parfois, atteint ici son paroxysme! Associée à la musique moyen-orientale, cela crée un univers rassurant dans lequel l'auditeur n'a jamais envie de s'échapper.
7.Sand Halo : composition la plus "prog" de tout l'album. On y retrouve un mélange d'atmosphères Pink Floyd et King Crimson. A 3:00, il y a un solo de guitare original et frais comme une brise printanière. Le tempo de Sand Halo est quasi militaire tellement il est métronomique! Le piano me fait penser à certains passages du morceau Riders On The Storm des Doors.
8.The Citadel : pièce psychédélique instrumentale qui crée une sensation d'étourdissement où l'auditeur est plongé dans un rêve étrange mais agréable. C'est sur une dernière note de piano que l'album se termine.
Bref...
V possède un groove hallucinant de bout en bout! Le groupe fusionne les genres de manière sublime et naturelle. Le groupe a évolué dans son style et depuis le premier album il y a dix ans, et le son plutôt "roots", voire "garage", il s'en est passé du temps et les musiciens se sont vraiment bonifiés. Ce disque est une médication pour l'âme car la musique peut être bénéfique pour mieux se sentir. J'ai nettement préféré V à IV car, même si je l'avais beaucoup apprécié, j'ai trouvé qu'il y avait trop de morceaux centrés sur la guitare et j'avais parfois l'impression d'écouter un album d'un "guitar hero"! Naxatras prouve que le groupe a sa place parmi les grands de la scène psychédélique internationale et ce disque restera gravé dans les annales.
-Genre : Heavy Psych/Rock psychédélique/Space-rock/Rock progressif/Synth-rock
-Date de sortie : 21 février
-Pour fans de : Elder, Monkey3, Altin Gün, King Buffalo, Earthless
-Maison de disques : autoproduction (Evening Star Records)
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