Composer de la musique instrumentale, tout en captivant l'auditeur du début à la fin, ce n'est pas chose facile. Le trio américain Russian Circles excelle dans ce domaine depuis presque 20 ans et nous le prouve une fois de plus en sortant Gnosis, huitième opus de cette talentueuse formation. Retour sur, ce qui est à mes yeux, assurément un des disques les plus prometteurs de l'année.
Le groupe
Russian Circles est un trio de post-metal américain formé en 2004 à Chicago dans l'Illinois composé de Mike Sullivan à la guitare, de Brian Cook à la basse (qui remplace Colin DeKuiper en 2007), et de de Dave Turncrantz à la batterie. Le style musical est à mi-chemin entre le post-rock et le post-metal mais à 100% instrumental ce qui est la marque de fabrique des musiciens.
Le groupe connait un succès dès son premier album Enter en 2006 et , rapidement, il se fait un nom sur la scène en jouant, notamment au Dunk Festival en Belgique ou au Roadburn aux Pays-Bas et en première partie de groupe comme High On Fire ou Tool.
Leur son explore des émotions et des textures variées à travers lesquelles l'auditeur voyage dans un monde trippant et où l'imaginaire prend une place importante. Le fait qu'il n'y ait pas de parole fait en sorte que notre attention se porte principalement sur les instruments ce qui est primordial et essentiel.
Source : BandCamp
De gauche à droite : Mike Sullivan (guitare), Brian Cook (basse) et Dave Turncrantz (batterie).
L'album
Gnosis est le huitième disque de la discographie du groupe qui en sort en moyenne un tous les deux ans ce qui en fait un groupe prolifique et créatif surtout en terme de qualité du contenu car ils ne déçoivent jamais. Composé de sept morceaux originaux, Gnosis est une œuvre sur laquelle il n'y a absolument rien à jeter , car, littéralement de la première à la dernière note c'est un sans faute et on passe un moment d'anthologie.
La production est soignée et proche de la perfection, notamment grâce au travail de Kurt Ballou, guitariste de Converge, qui a déjà travaillé avec High On Fire, Torche ou encore Nails.
La basse et la batterie ont été enregistrées à Electrical Audio à Chicago et la guitare et l'overdubbing à GodCity, Salem pour profiter du vaste choix d'amplis et de pédales à effets de Ballou (non pas l'ours dans le Livre de la Jungle !)
Comme beaucoup d'artistes, la pandémie les à forcés à revoir leur processus d'écriture. Au lieu de composer ensemble dans un local de répétition, les membres ont écrit les chansons chacun de leur côté pour ensuite les jouer ensemble en studio pour garder l'effet "live" de l'œuvre.
Si je devais choisir trois adjectifs pour décrire l'album, ça serait : mélancolique, puissant et brillant car l'authenticité, la beauté et l'originalité des morceaux m'ont scotché dès la première écoute. Le disque a également un côté cinématique très agréable qui laisse encore une fois place à l'imagination.
Le jeu de guitare de Sullivan est caractérisé par l'utilisation de loop : comme il est le seul guitariste, il joue un riff qui s'enregistre et qui est joué en répétition, et pendant ce temps là il joue un autre riff. Ce qui donne l'impression qu'il y a deux guitaristes sur les enregistrements.
Une tournée mondiale commence ce mois-ci avec un passage par Montréal le 9 novembre avec Rezn en première partie. En Europe, ça sera Cult Of Luna qui aura la charge de réchauffer les planches avant l'arrivée du groupe.
Le radar analytique et intense d'Eddy
1.Tupilak : le ton est donné avec un riff gras dés le départ. La dynamique de la batterie, avec ses roulements, donne une belle énergie à la pièce. Choix parfait comme introduction du disque avec rapidité et mélancolie subtilement balancés. J'aime beaucoup la tournure à partir de 3:35 où la guitare est légère puis vient la lourdeur du gros riff en second plan, bien joué…!
Un tupilak est un être maléfique créé par l'homme dans la mythologie inuite.
2.Conduit : sorti sous forme de single un peu plus d'un mois avant la sortie de l'opus, cette composition au riff metal lourd comme une tonne de brique fait énormément de bien aux oreilles.
3.Gnosis : Le vidéoclip est somptueusement réussi avec un côté visuel digne d'une œuvre d'art vivante. Ca colle parfaitement avec la musique, c'est hallucinant ! Du "doom cinématique orgasmique" selon moi...Une des pièces les plus signifiantes du disque. On doit cette réalisation à Joe Kell.
4.Vlastimil : ambiance plutôt post-rock avec des similitudes à la musique proposé par le groupe Ecossais Mogwai que j'affectionne particulièrement.
5.Ó Braonáin : 1:45 de douceur qui laisse place à la piste suivante pour faire une pause au milieu du disque.
6.Betrayal : ça part en sauvage dés la première note ! Du black/doom à l'état pur. On se dirige dans la lourdeur poétique, toujours excessivement bien balancé dans la palette des émotions.
7.Bloom : Beau mélange de post-rock et de post-metal, il y a un côté à la Explosions In The Sky bien maitrisé pour clore cet opus de la plus belle des manières.
Les informations inutiles d'Eddy
-J'ai eu l'occasion de les voir en concert en Belgique en 2015 et j'en garde un excellent souvenir.
-L'origine du nom Russian Circles provient d'un exercice de hockey sur glace, sport que Sullivan et Turncrantz pratiquaient quand ils vivaient à St.Louis.
-Ils ont déjà collaboré avec Chelsea Wolfe.
-Dans les riffs de guitare, j'ai remarqué des sonorités semblables à celles de Sepultura à la période de Chaos A.D.
Bref...
Un album à écouter pour tout amateur de musique qui se respecte. A privilégier : l'écoute avec un bon casque pour une expérience encore plus plaisante/planante. Ce groupe ne cessera jamais de me surprendre. Un vrai bijou de doom/post-rock/metal à écouter encore et encore ! Une pépite à se procurer en vinyle également.
-Genre : Post-Rock/Post-Metal/Doom/Instrumental
-Pour fans de : Doom, Stoner, Post-Rock, Post-Metal, Instrumental, Mogwai, ...
-Maison de disques : Sargent House
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